Quand j’étais étudiante en Aromathérapie à la Neal’s Yard Remedies School of Natural Medecine à Londres, l’un de mes professeurs nous a raconté comment elle avait réussi à guérir et fortement atténuer une cicatrice hideuse de l’un de ses patients
ayant subi une opération du genou. Pour cela, elle avait utilisé des dilutions différentes de l’huile essentielle d’immortelle (Helicrysum italicum). Elle avait commencé par une dilution de 1% d’huile essentielle dans un mélange d’huiles végétales, puis 2,5%, puis 5%, puis 10% au final; tout en s’assurant au fur et à mesure que la peau de son patient régissait bien au mélange. Au final, après plus de 3 mois, la cicatrice était presque indiscernable. Une preuve supplémentaire du pouvoir et de l’efficacité des huiles essentielles.
Pourquoi je vous raconte cette histoire ? Pas seulement pour le résultat du traitement, mais surtout pour attirer votre attention sur le fait que, même en tant qu’aromathérapeute professionnelle et expérimentée, cette professeure a toujours utilisé une huile essentielle diluée. Elle n’a jamais appliqué d’huile essentielle pure sur le genou de son patient. La raison ? Car les risques d’irritation sont bien trop importants.
Les huiles essentielles à portée de tous
Grâce à la démocratisation des huiles essentielles, il est facile aujourd’hui à chacun de s’en procurer quelques et de les utiliser comme bon nous semble. C’est super que cela soit devenu si facile et si accessible ! Cependant, j’aimerais tout de même attirer l’attention sur le fait que les huiles essentielles sont très concentrées. Mal utilisées, elles peuvent provoquer des irritations et autres réactions dermiques. Je vous épargne ici les photos peu ragoutantes de réactions diverses à la mauvaise application d’huiles essentielles.
Partant d’un principe de précaution, il faut toujours diluer une huile essentielle. Certaines peuvent être plus irritantes que d’autres (j’en parle dans la suite de cet article). Les seules exceptions à la règle sont les huiles essentielles de lavande vraie (Lavandula angustifolia) ou d’arbre à thé (Melaleuca alternifolia) que l’on va pouvoir appliquer occasionnellement pures sur une toute petite portion de peau (comme un bouton par exemple). Attention : uniquement sur une peau adulte en bonne santé et an aucun cas sur des muqueuses (également pas pour des femmes enceintes) ! Autrement, je vous conseille vivement de diluer vos huiles essentielles pour toute autre utilisation.
Mais alors, quelle dilution utiliser ?
La dilution est à faire en fonction de la personne et de la zone sur laquelle on veut appliquer l’huile essentielle.
Pour faire simple, je vous conseille 3 dilutions principales :
- La dilution à 1% (soit environ 6 gouttes d’huiles essentielles dans 30 ml d’huile végétale) : c’est celle que l’on va utiliser pour les préparations à appliquer sur le visage, mais aussi sur le corps des personnes âgées, des personnes ayant un traitement médical (attention à vérifier les interactions avec les médicaments utilisés), et de manière générale pour les personnes ayant une peau sensible. NB : Je parlerai prochainement des femmes enceintes, bébés et enfants dans un autre article qui leur sera consacré.
- La dilution à 2,5% (soit environ 15 gouttes d’huile essentielle dans 30 ml d’huile végétale) : il s’agit d’une dilution couramment utilisée pour les massages quand la personne ne présente pas de cas particulier à prendre en considération. Cette dilution permet de répartir le produit sur tout le corps tout en profitant en sécurité des effets des huiles essentielles utilisées.
- La dilution à 5% (soit environ 30 gouttes d’huile essentielle pour 30 ml d’huile végétale) : celle-ci doit être utilisée plus occasionnellement et sur des parties du corps très limitées. Cela peut être en massage local sur le haut du dos d’une personne qui souffre de toux, par exemple. Mais il faut toujours penser à une utilisation très localisée et bien faire attention que l’application du mélange ne provoque pas de réaction non-voulue. Faites particulièrement attention si vous avez tendance à faire des réactions allergiques.
Lors d’une 1ère utilisation, il est toujours recommandé de faire un test d’utilisation au creux du coude pendant 48h avant d’appliquer votre mélange contenant des huiles essentielles.
Les huiles essentielles particulièrement irritantes
Voic une liste (non-exhaustive) des huiles essentielles considérées comme irritantes, par ordre décroissant. Vous pourrez d’ailleurs constater que certaines ne sont pas commercialisées au grand public.
- HE de raifort (Armoracia rusticana) : hautement irritante.
- HE de moutarde (Brassica nigra) : hautement irritante.
- HE de massoia (Cryptocarya massoia) : irritante au-dessus de 0,01 %
- HE de lavande stoechade (Lavandula stoechas) : irritante au-dessus de 0,5 %
- HE de sauge sauvage (Salvia apiana) : irritante au-dessus de 0,7 %
- HE d’ail (Allium sativum) : pas de limite sûre
- HE de feuille de cannelle (Cinnamomum zeylanicum) : irritante au-dessus de 1 %
- HE de clou de girofle (Syzygium aromaticum) : irritante au-dessus de 1 %
- HE d’origan (Origanum vulgare) : irritante au-dessus de 1,1 %
- HE de marjolaine sauvage (Origanum majorana CT carvacrol) : irritante au-dessus de 1,2 %
- HE d’origan mexicain (Corydothymus capitatus) : irritante au-dessus de 1,2 %
- HE de sarriette d’hiver (Satureja montana) : irritante au-dessus de 1,2 %
- HE de laurier noble (Laurus nobilis) : irritante au-dessus de 1,25 %
- HE de thym à carvacrol / thymol (Thymus vulgaris CT carvacrol / thymol) : irritante au-dessus de 1,3 %
- HE d’ajowan (Trachyspermum ammi) : irritante au-dessus de 1,4 %
- HE de sarriette d’été (Satureja hortensis) : irritante au-dessus de 1,4 %
- HE de thym méditerranéen (Thymbra spicata) : irritante au-dessus de 1,4 %
- HE de lemongrass (Cymbopogon citratus) : irritante au-dessus de 2 %
- HE de mélisse (Melissa officinalis) : irritante au-dessus de 2 %
- HE de basilic (Ocimum basilicum) : irritante au-dessus de 2 %
- HE de sauge d’Espagne (Salvia lavandulaefolia) : irritante au-dessus de 2 %
- HE de litsée citronnée (Litsea cubeba) : irritante au-dessus de 2 %
- HE de fenouil (Foeniculum vulgare) : irritante au-dessus de 2 %
- HE de thym à limonène (Thymus vulgaris CT limonène) : irritante au-dessus de 2,1 %
- HE de noix de muscade (Myristica fragrans) : irritante au-dessus de 2,25 %
- HE d’anis (Pimpinella anisum) : irritante au-dessus de 2,5 %
- HE de menthe poivrée (Mentha piperita) : irritante au-dessus de 3 %
- HE de pin (Pinus sylvestris) : irritante au-dessus de 3 % + elle s’oxyde très rapidement et peut alors devenir encore plus irritante !
- HE de thym à bornéol (Thymus vulgaris CT bornéol) : irritante au-dessus de 3,3 %
En conclusion :
Soyez prudents et gardez toujours l’esprit critique quand vous lisez des idées de mélanges d’huiles essentielles sur internet ou autres ! Ce n’est pas parce que la peau d’une de vos amies réagit très bien à un mélange que ce sera le cas pour vous également ! Peut-être aussi que vous réagirez différemment à une même huile essentielle selon si vous êtes en forme ou si votre organisme est affaibli. Donc pensez toujours à bien diluer dans une huile végétale de qualité (c’est mieux et elle aura aussi son propre effet bénéfique sur la peau).
Et vous, qu’en pensez-vous ? Avez-vous l’habitude d’utiliser des huiles essentielles pures ? Faites-moi part de vos expériences dans les commentaires.
Ressources utilisées pour cet article : Essential Oil Safety (second Edition) par Robert Tisserand et Rodney Young, cours personnels du Diploma in Aromatherapy and Essential Oil Science de Neal’s Yard Remedies.
Photos : Shawn Carpenter / Flickr, F Delventhal / Flickr, Kate Ware / Flickr.